Photo prise au musée de Banksy, Rue de Laeken à Bruxelles

Photo prise au musée de Banksy, Rue de Laeken à Bruxelles

Samhain, une réflexion sur l’automne

Nous sommes désormais plongés dans l’automne depuis plus d’un mois. Les érables tentent, avec leurs feuilles d’un rouge profond, d’embraser nos jardins, nous permettant ainsi d’oublier un instant l’absence du soleil. Les feuillus attendent patiemment que le vent d’automne les libère du poids de leur feuillage, afin qu’ils puissent commencer leur hibernation en toute tranquillité et récupérer des forces pour leur prochain cycle de vie.

Les vacances d’automne approchent. Les enfants se préparent pour Halloween, une fête qui nous est venue des pays anglo-saxons. Le 31 octobre, ils se déguisent en sorcières, vampires et autres créatures sombres pour aller de porte en porte, récoltant des bonbons. Mais d’où vient cette coutume? Certaines sources disent que Halloween a été célébrée pour la première fois en Écosse, à la veille de la Toussaint. D’autres historiens font remonter cette tradition à l’ancienne coutume celtique en Irlande, où les druides se réunissaient le 31 octobre pour célébrer Samhain. Selon cette tradition, Samhain marque la fin définitive de l’été et le début de l’hiver, une période de froid et d’obscurité. Mais ce n’est pas tout! Durant Samhain, la frontière entre le monde des vivants et celui des dieux s’estompe, permettant aux créatures de l’au-delà de s’échapper et de se mêler aux vivants pour leur faire peur. Des feux étaient allumés pour repousser ces créatures souterraines, et des offrandes étaient faites pour les apaiser. Des éléments de feu et de sacrifice (comme la distribution de bonbons aux enfants) se retrouvent encore dans le Halloween moderne.

Dans nos régions, on voit des adultes, munis de seaux et de brosses, se rendre au cimetière. Les pierres tombales sont soigneusement nettoyées et, sur la pierre propre, des chrysanthèmes ou d’autres fleurs sont déposés en hommage des défunts. Nous nous préparons pour le « jour des morts ».

Les jours gris et humides d’octobre, qui ferment définitivement la porte à l’été et ouvrent grand celle de l’hiver, éveillent chez beaucoup d’entre nous un sentiment de tristesse. Est-ce uniquement le chagrin lié à la perte de nos proches qui nous rend si mélancoliques? Ou bien, cette période de transition nous rappelle-t-elle aussi la saison de notre propre vie? En tant que seniors, nous ne sommes pas seulement dans l’automne en tant que troisième saison de l’année, mais aussi dans l’automne de notre vie.

Tout comme de nombreux arbres et arbustes perdent leurs feuilles, pour nous aussi, les seniors, c’est une saison de détachement et d’adieux. Il s’agit de laisser partir ce qui est passé et qui ne reviendra plus, de lâcher prise sur le stress des promesses non tenues, de renoncer aux frustrations causées par les signes visibles de notre propre fragilité et de celle des autres. C’est faire le deuil des rêves inachevés, des opportunités qui nous échappent, de la force physique en déclin, et des proches et amis qui nous ont quittés.

De la même manière que les arbres se préparent à leur repos hivernal en laissant tomber leurs feuilles, nous nous préparons à une nouvelle phase de la vie. C’est un processus généralement lent, et parfois on ne remarque pas immédiatement comment le temps nous a échappé. 

Mais tout comme la nature complète son cycle pour se préparer à une nouvelle vie, nous pouvons, à l’automne de notre vie, réfléchir à ce qui est derrière nous, à ce que nous avons accompli, et penser à ce qui reste encore possible pour nous.

À l’automne de notre vie, nous pouvons toutefois être plus souvent confrontés aux démons souterrains de la saison. Ils profitent de notre résilience déclinante pour troubler notre existence. Nous ne devons pas leur permettre de gâcher l’hiver de notre vie en nous focalisant uniquement sur ce qui n’est plus possible. En nous paralysant avec les horreurs que les guerres actuelles dans le monde provoquent. En nous aveuglant à la douleur et à la pauvreté des autres. En nous incitant à nous replier sur nous-mêmes. Les démons de l’automne sont puissants. Sans même nous en rendre compte, nous commençons à croire leur version de notre histoire. Ils nous entraînent dans leurs cavernes de peur de l’avenir, sans savoir comment échapper à leur emprise.

L’automne est une période de transition qui nous prépare à l’hiver. Un hiver nécessaire pour que l’homme et la nature puissent se reposer et retrouver des forces. Ce n’est que de cette manière qu’au début du printemps, la sève de la vie pourra à nouveau atteindre les plus hautes branches des arbres et des arbustes. Ce n’est qu’ ainsi que la nature pourra se réveiller et s’épanouir de nouveau. Ce n’est qu’ ainsi que nous aussi, après le repos de la saison hivernale et malgré le fait que nous avons atteint l’automne de notre vie, pourrons continuer à participer au cycle de la vie. Pas de la même manière que lorsque nous étions dans le printemps ou l’été de notre existence, mais autrement. Et ceci n’est pas forcément meilleur ou pire. C’est juste « différent ».

Mieke Maerten
19 Octobre
Texte traduit du néerlandas à l’aide de ChatGTP